(photo: auto-stop au Coromandel)
Auto-stop de Wellington à Turangi
Nous
avons presque toujours eu des rencontres formidables en auto-stop,
autant en Amérique du Sud qu'ici en Nouvelle-Zélande.
Malheureusement, il arrive parfois de petites mésaventures, comme
d'avoir des gens avancé en alcoolémies, droguées ou encore mort de
fatigue et que nous devons réveiller… Mais on s'adapte et l'on se
fait déposer rapidement au moindre doute pour notre sécurité. Mais
la fois où nous avons eu le plus peur (et ça bat même la fois où
l'on s'est fait pointer un gun au El Salvador) c'est ici en
Nouvelle-Zélande avec un certain trajet.
Tout commence
par
une belle journée à Wellington. Nous avons décidé de prendre le
1er transport de Nouvelle-Zélande pour sortir de cette grande ville
étendue. Une marche de 3 km accompagnés d'une dame bien
bavarde pour la majorité de notre trajet pour se rendre à la gare.
On achète un ticket de train à 10 $ bien investi (ou pas) sur
la ligne 7 en direction de Waikanae; 57 km assis
confortablement.
Arrivé
à Waikanae, on se prend un lunch au New World. On se dirige ensuite
pour notre premier stop de l'ile du Nord. Un peu de marche pour
trouver un endroit stratégique à la sortie de la ville. Quelques
minutes et une voiture s'arrête.
C'est
un homme seul un peu plus petit que Dany. Dany lui dit notre
destination, il ne semble pas savoir ou sais, le nom ne lui dit rien
mais il va vers le Nord et comme il n'y a qu'une route, on prend
place. Dany lui demande où on met les sacs à dos, il ne semble pas
trop vouloir répondre, Dany réitère sa question, alors il ouvre la
valise comme si c'était la 1ere fois; il regarde la grosse valise
dans le coffre, il la prend regarde rapidement avec l'air de
quelqu'un qui ne sais pas se qu'il y a dedans… elle semble vide ou
très légère, il prend la valise et d'un mouvement brusque la lance
sur le terrain en bord de route.
Pourquoi
à ce moment, n'avons nous pas changé d'idée? Mystère. Si cet
homme avait été un peu hippie, ça aurait pu faire du sens mais ce
n'était pas du tout ce genre de type. On laisse de côté cet
évènement bizarre et pendant que Dany place les sacs dans les
coffres maintenant pratiquement vides, Maryse prend place sur le
siège arrière et commence la conversation.
—
« Bonjour » »
—''
Bonjour » »
-D'où
venez-vous? (Maryse)
—
De
Jordanie.
—
Nous,
nous sommes Canadiens.
Dany
entre dans la voiture, il démarre, me regarde (Maryse) puis Dany et
nous dit d'un ton autoritaire et sans équivoque :
—
Je
vous défends de me parler, VOUS ne parlez PAS, sous aucun prétexte,
les deux seuls mots que je vous autorise à dire sont DROITE ou
GAUCHE!
Le
silence se fut. Là, à cet instant, nous regrettons tous les deux
d'avoir pris place dans cette voiture. Tous les deux, on se jette un
coup d'oeil, on a chacun des questions qui tournent dans notre tête.
Si l’on demande de se faire débarquer maintenant, est-ce
sécuritaire pour nous? Il va se douter que nous avons vraiment peur.
Avons-nous raison d'avoir peur? POURQUOI dans la vie je dirais droite
ou gauche à un conducteur? Poursuite? On est attentifs à tous les
détails, pendant que je regarde ce qui m'entoure sur le siège
arrière, Dany porte une attention particulière à la destination
sur le GPS.sans y voir le nom il remarque 544km (très probablement
en direction de la ville d'Auckland)
Il
est super anxieux, regarde dans le rétroviseur toutes les 4
secondes! Là moi je pense, la voiture est volée, peut-être nous
prend-il pour « camoufler » son vol, il recherche une
personne seule et non trois personnes.
Il
nous tire tous les deux de nos réflexions en me criant (Maryse).
POUSSE _TOI près de la porte, tu caches la vue. En fait j'étais
assis au tiers (pas tout à fait au centre) du siège arrière pour
avoir un vu sur Dany et le conducteur. Je tasse les trucs aussi
rapidement que possible et je me colle sur la porte.
Il
regarde toujours dans le rétroviseur toutes les 4 secondes. Toujours
aussi nerveusement.
Ça
fait longtemps que l'instinct nous dit de trouver quelque chose pour
sortir de là.
Il
se décide de nous poser une question :
-''Êtes-vous
des Kiwis » » (entendez ici Nouveau-Zélandais)
-Dany :
« ' non, nous sommes Canadiens
Lui
-Êtes-vous certains?
-Dany :
'' Eh oui!? Nous avons notre passeport canadien » »
Fin
de la discussion! Et vraiment sur le ton avec lequel il nous parle,
on se dit que nous sommes mieux d'obéir et ne pas le déranger avec
une question. On croise deux auto-stoppeurs, il les regarde fixement
(ça doit être le seul moment où il a passé 8 secondes sans
regarder dans le rétroviseur)
Et
dit : — Shit… (merde)
Là,
c'est vraiment bizarre, pourquoi veut-il avoir d'autre auto-stopper à
son bord? Pour avoir des Kiwis? Vu la façon dont il nous a abordés,
certainement pas pour discuter… En plus c'est qu'ils ne vont pas du
tout de son côté, ils font plutôt du stop vers où nous arrivons!
Dany pense à ce moment à un acte possible de Terrorisme, prise
d'otage ou autre!
Dany
est attentif à tous ses mouvements, s'il décide de se suicider et
nous apporter avec lui (bon c'est ce qui nous vient à l'esprit) ou à
mener une course folle s'il est poursuivi… il sera prêt à prendre
le volant.
Et
là, je tente ma chance, je vois une affiche avec un nom de village
et je dis sur un ton de surprise à l'intention de Dany mais en
anglais :
—
Ah
regarde, c'est déjà là!
Dany
de répondre : « tu es certaine »
—
« Oh
que oui, sans aucun doute »
C'est
le moment, ça passe ou ça casse…!
Il
est encore très préoccupé par les deux auto-stoppeurs que nous
venons juste de croiser et comme il y a des gens en stop ça fait du
sens que nous arrêtions là nous aussi.
Lui
de dire — Vraiment?
Moi
— Oui, oui, regarde sur ma carte, c'est vraiment là. N'importe où
sur le bord de la route, ça va être parfait et merci beaucoup pour
le lift.
Vraiment
à ce moment on n’est pas certains de ces intentions. Il s'arrête
et à notre grand soulagement, nous laisse prendre nos sacs à dos à
l'arrière non sans montrer son impatience et à regarder avec
anxiété si quelqu'un le suit.
Vraiment
difficile d'expliquer en mots l'ambiance et les sentiments que nous
avons eus. Ce n'est pas au vol de nos trucs que nous avions peur mais
vraiment pour nous. Pour cette raison, nous nous sentons obligés de
le signaler à la police même si ça nous fait un bien long détour
et nous ajoute plusieurs km de marche. Dany a eu le réflexe de
prendre en note le numéro de plaque! Moi je voulais juste me sortir
de cette histoire. On n’aimerait pas qu'il arrive quelque chose à
quelqu'un que nous aurions pu éviter.
En
s'informant pour trouver le poste de police, un gars des travaux
publics nous y conduit.
On
fait donc notre déposition mais nous ne saurons pas si la voiture
était volée… On leur dit aussi avec précision où la valise a
été jetée et ils envoient les policiers de la ville voisine la
récupérer. Un autre policier vient ensuite nous voir et nous poser
plusieurs questions. Ensuite, aucune réprimande sur les dangers de
faire du stop, etc. Ils nous disent tous les deux, désolé de votre
expérience d'aujourd'hui, nous espérons que les autres seront
meilleures!
On
sent que nous avons fait tout ce que nous devions faire… Pour le
reste, ce n'est plus de notre ressort.
Une
heures trente plus tard, nous sommes sur le bord de la route, à
tendre le pouce de nouveau et la dame qui nous prend (originaire du
Zimbabwé) sera une des plus enjouées, comique et joyeuse de notre
séjour en NZ, comme pour compenser…
Bien
sûr, en stop certains sont plus sympathiques de d'autres, mais
majoritairement, les gens qui s'arrêtent sont gentils et veulent
partager… les autres (soit trop pressés ou non intéressé par
l'échange) n'arrêtent tout simplement pas. Il faut dire que nous
voyageons en couple ce qui élimine les personnes à la recherche
d'une date et
sécurise certains qui aurait craint de prendre qu'une fille
(certains hommes seuls qui nous ont pris ont été catégoriques sur
le fait qu'ils ne prennent jamais de filles) ou un garçon. Un couple
c'est gagnant pour le stop :)
Par Maryse Guévin et Dany Thibault
Voyage Tour du monde de 4 ans et autres aventures à travers le monde.
Photos, vidéos, budget et carnet de route (récits de voyage)